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Bien configurer sa plateforme d’emailing

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L’emailing reste l’un des canaux les plus puissants du marketing digital. Il permet d’atteindre directement vos contacts, de fidéliser, de convertir… à condition que vos messages arrivent bien dans la boîte de réception. Et pour cela, une configuration technique propre, complète et sécurisée est indispensable.

Cette configuration repose sur des éléments clés : DNS, authentifications, choix d’adresse d’envoi, conformité RGPD, mais aussi qualité de la base, réputation d’expéditeur, et outils de mesure. Ce guide vous donne une méthode claire pour configurer votre plateforme d’emailing de manière professionnelle.

Choisir une plateforme d’emailing adaptée à vos besoins

Avant même la configuration, il faut s’assurer que l’outil que vous utilisez est compatible avec vos objectifs et votre niveau technique.

Outils recommandés

  • Brevo (ex Sendinblue) : français, bon rapport qualité/prix, adapté aux PME
  • Mailjet : simple et performant, bon support francophone
  • Mailchimp : complet mais coûteux à partir de certains volumes
  • ActiveCampaign : puissant pour les scénarios complexes
  • Klaviyo : très orienté e-commerce
  • Sarbacane : solution française haut de gamme
  • Amazon SES / SMTP techniques : puissants mais exigent une maîtrise technique

Assurez-vous que l’outil permet l’authentification par domaine personnalisé, la gestion des IP d’envoi, la modification des en-têtes techniques et la configuration des retours (postmaster, abuse, etc.)

Configurer les enregistrements DNS : SPF, DKIM, DMARC, BIMI

configurer zone dns

La base d’une bonne délivrabilité repose sur une configuration correcte de vos enregistrements DNS, liés à votre nom de domaine. Ce sont eux qui vont garantir l’authenticité de vos envois.

1. SPF – Déclarer les expéditeurs autorisés

Le SPF (Sender Policy Framework) est un enregistrement TXT à créer dans la zone DNS de votre domaine.

Il liste les serveurs autorisés à envoyer des emails pour votre domaine.

Exemple pour Mailjet :

v=spf1 include:spf.mailjet.com -all

Décryptage :

  • v=spf1 : version du SPF
  • include:spf.mailjet.com : autorisation d’un service externe
  • -all : rejet strict de tout ce qui n’est pas listé

⚠️ Un seul enregistrement SPF est autorisé par domaine. Si vous utilisez plusieurs services (ex : Mailjet + Gmail + CRM), vous devez combiner les includes :

v=spf1 include:spf.mailjet.com include:_spf.google.com ~all

Privilégiez ~all (souple) au lieu de -all (strict) au départ, pour éviter des blocages intempestifs le temps de tester.

2. DKIM – Authentifier le contenu des emails

Le DKIM (DomainKeys Identified Mail) est un système de signature cryptographique. Il garantit que le message n’a pas été altéré entre l’expéditeur et le destinataire.

Votre plateforme vous fournira :

  • Une clé publique, à ajouter dans la zone DNS
  • Une clé privée, utilisée par leurs serveurs pour signer les emails

Exemple d’entrée DNS pour Mailjet :

Nom :

mailjet._domainkey.votredomaine.fr

Valeur :

v=DKIM1; k=rsa; p=MIGfMA0GCSqGSIb3DQE... (clé publique tronquée)

Chaque outil génère une clé différente, parfois avec plusieurs sélecteurs (ex : s1s2mailjetmandrill, etc.). N’essayez pas d’écrire une clé vous-même, utilisez celles fournies.

Vérifiez ensuite avec des outils comme :

3. DMARC – Définir une politique de traitement

Le DMARC (Domain-based Message Authentication, Reporting and Conformance) vient en complément du SPF et DKIM. Il permet de définir une politique en cas d’échec d’authentification, et de recevoir des rapports sur ce qu’il se passe.

Exemple d’enregistrement DNS :

Nom :

_dmarc.votredomaine.fr

Valeur :

v=DMARC1; p=quarantine; rua=mailto:[email protected]; fo=1

Décryptage :

  • p=none : phase de test (aucune action)
  • p=quarantine : placer en spam si échec
  • p=reject : refuser l’email
  • rua : adresse email pour recevoir les rapports (XML compressés)

Vous pouvez commencer avec p=none, collecter des rapports pendant 15 jours, puis passer à quarantine ou reject.

Outil utile pour lire les rapports DMARC :

4. BIMI – Afficher votre logo dans la boîte de réception

Le BIMI (Brand Indicators for Message Identification) permet d’afficher votre logo à côté de vos emails dans certains clients comme Gmail.

Conditions :

  • SPF, DKIM, et DMARC bien configurés
  • Politique DMARC = p=reject
  • Logo SVG carré conforme (non vectorisé depuis une image JPEG !)
  • Certificat VMC (facultatif mais recommandé)

Exemple d’enregistrement :

Nom :

default._bimi.votredomaine.fr

Valeur :

v=BIMI1; l=https://votredomaine.fr/logo_bimi.svg; a=self

Résultat : vos emails gagnent en crédibilité et en visibilité dans la boîte de réception. Une configuration avancée, mais différenciante.

Adresses d’envoi : cohérence, sous-domaines et gestion

La configuration technique passe aussi par le choix stratégique des adresses d’envoi.

Utilisez un sous-domaine dédié

Plutôt que [email protected], préférez [email protected] ou [email protected].

Avantages :

  • Séparation de réputation entre vos emails marketing et transactionnels
  • Plus de flexibilité pour la configuration DNS
  • Cloisonnement de l’infrastructure

Créez un sous-domaine spécifique (email.mailing.news.) et appliquez SPF, DKIM, DMARC, BIMI sur ce sous-domaine, pas uniquement sur le domaine principal.

Créez des adresses de retour techniques

Certaines plateformes envoient les mails avec des adresses Return-Path comme [email protected]. Vous devez :

  • Créer ces adresses (via un catch-all ou une redirection)
  • Les surveiller pour gérer les rebonds et les erreurs

Pensez aussi à :

  • postmaster@
  • abuse@
  • dmarc@

Certains FAI considèrent leur absence comme un critère négatif.

Contrôle qualité des envois : réputation, contenu, structure

Une fois la partie DNS en place, assurez-vous que vos emails respectent les standards de qualité attendus.

Structure HTML propre

  • Ne copiez-collez jamais depuis Word ou Canva
  • Utilisez des blocs HTML simples (table, inline CSS)
  • Respectez une hiérarchie sémantique : h1h2p
  • Vérifiez la compatibilité responsive
  • Limitez les images à 40% du poids total

Poids et performance

  • < 100 Ko : idéal pour passer les filtres
  • Compression des images
  • Pas de fichiers joints (liens plutôt)

Contenu

  • Objet clair, sans MAJUSCULES ou ❗
  • Pas trop de liens externes (max 5)
  • Pas de spamwords : “gratuit”, “urgent”, “promotion 100%”
  • Inclure un lien de désabonnement fonctionnel

Outils de test

Avant tout envoi :

Gérer les rebonds et maintenir une base propre

L’un des points clés de la réputation d’envoi est la gestion des erreurs et des rebonds (bounces).

Types de bounces

  • Soft bounce : boîte pleine, serveur temporairement inaccessible
  • Hard bounce : adresse inexistante ou invalide

Votre outil doit :

  • Supprimer automatiquement les hard bounces
  • Retenter les soft bounces une ou deux fois
  • Segmenter les inactifs

Nettoyage automatique

  • Supprimez les contacts inactifs depuis plus de 12 mois
  • Supprimez les adresses avec des erreurs syntaxiques (.cmogamil.com)
  • Analysez les plaintes spam et désabonnez les plaignants

Une base propre = meilleure délivrabilité et performance.

Respecter le RGPD et les bonnes pratiques de consentement

Configurer techniquement une plateforme ne suffit pas : il faut respecter le cadre légal, notamment en Europe avec le RGPD.

Collecte des contacts

  • Opt-in explicite (aucune case pré-cochée)
  • Objectif annoncé (newsletter, offres commerciales…)
  • Possibilité de preuve du consentement (stockage de l’IP et de la date)

Double opt-in recommandé

Même si non obligatoire, cela :

  • Confirme l’adresse email
  • Renforce la qualité de votre base
  • Vous protège en cas de plainte

Traitement des données

  • L’outil utilisé doit lui-même être conforme RGPD
  • Hébergement en Europe (ou avec clauses contractuelles types)
  • Mentionner la durée de conservation
  • Supprimer les données à la demande

Mettre en place une stratégie d’envoi progressive (warm-up)

Une fois la configuration faite, il est dangereux d’envoyer 10 000 emails d’un coup sur un domaine ou une IP fraîche. Cela entraîne un risque élevé de blacklistage. Il est donc indispensable de chauffer votre IP.

Ce qu’est le warm-up

C’est une montée en charge progressive du volume d’emails envoyés, sur une à deux semaines.

Exemple type :

  • Jour 1 : 100 emails vers vos contacts les plus engagés
  • Jour 2 : 200
  • Jour 3 : 400…
  • Jour 10 : 5000

Cette stratégie permet aux FAI de :

  • Reconnaître votre domaine
  • Évaluer votre taux de plainte / rebond
  • Graduellement améliorer votre “sender score”

Des outils comme Mailwarm ou Lemwarm peuvent simuler ce processus automatiquement.

Surveillance continue : réputation et tableaux de bord

Une fois tout configuré, votre travail n’est pas fini. Il faut suivre, ajuster, nettoyer, itérer.

Outils pour surveiller votre réputation

  • Google Postmaster Tools : taux de spam, réputation IP/domain
  • Talos Intelligence : réputation Cisco
  • Barracuda Central : liste noire
  • Blacklist Check (MxToolbox) : outil multi-blacklist

Tableaux de bord utiles

Suivez en continu :

  • Taux d’ouverture, de clic, de plainte, de désabonnement
  • Répartition des ouvertures par client email
  • Performance par objet ou segment

Nettoyez, testez, adaptez… La configuration n’est jamais figée.

Conclusion

Bien configurer sa plateforme d’emailing n’est pas une tâche à la légère. Ce n’est pas un “plus”, mais une condition sine qua non pour que vos campagnes atteignent réellement vos destinataires.

Entre les DNS (SPF, DKIM, DMARC, BIMI), le choix des sous-domaines, la gestion fine des rebonds, la conformité RGPD et la montée en charge progressive, tout doit être pensé dans un souci de rigueur et d’optimisation.

Mais cette rigueur paye : une meilleure délivrabilité, des performances décuplées, une base saine, et une vraie crédibilité digitale. Prenez le temps de tout configurer proprement dès le départ. Ce sera l’un des meilleurs investissements de votre stratégie marketing.